Quelques cépages rouges autochtones Italiens
L'Italie est un pays de tradition viticole comme gastronomique aussi importante qu'en France. La comparaison de l'attachement des vignerons à faire pousser les cépages traditionnels de leur région semble aussi pertinente et donne tout son intérêt à la découverte de vins, certes modestes, mais représentatifs des pratiques locales.
Nous avons donc rassemblé 6 vins rouges italiens, de prix moyen (pas plus de 12€), plutôt monocépage, de cépages inconnus en France, et en évitant le Sangiovese de Toscane qui pourrait faire l'objet d'une séance à lui seul.
Au final, les six bouteilles viennent de 4 producteurs:
Les textes ci-dessous sont extraits de la promotion caveprivée.com ou du Guide des Cépages d’Oz Clarke (ou de recherche internet)
Les vins ont été dégustés presque à l'aveugle (étiquettes cachées, même si aucun d'entre-nous n'avait déjà gouté un de ces vins).
Nous avions suffisamment de verres pour déguster les vins trois par trois (les trois premiers, puis les trois derniers). Cela a permis des comparaisons intéressantes, de revenir sur des vins pour les réévaluer à la lumière gustative de leur voisin.
A la fin de la dégustation, nous recueillons les notes et les impressions ressenties et écrites par chaque dégustateur.
Elles sont synthétisées après chaque vin. Les notes sur 20 données par les 8 dégustateurs. La distribution des notes donnent une idée des différences de perception par chacun. L’écart-type permet de nuancer la moyenne: les écart-type élevés de la dégustation montrent que le vin a été apprécié très différemment. Les faibles écart-type révèlent les vins consensuels (soit pas bons pour tous, soit généralement appréciés).
Vin n°1 : Renato Ratti, Dolcetto d’Alba, Colombè 2009
Nez animal, de sous-bois Bouche un peu tannique, fin suave, glisse bien Un peu trop sec et astringent. Manque de longueur. |
Vin n°2 : Stefano Accordini, Valpolicella Classico, 2009
La vénétie est la région viticole la plus importante en volume d’Italie. Le Valpolicella est la 4ème DOC d’Italie et fait partie des trois plus qualitatives appellations de vénétie. La possibilité de faire sécher partiellement les grappes avant la vinification permet d'obtenir des vins plus concentrés (appellation Amarone ou Recioto) mais aussi moins abordables. Le corvina est généreux en arômes et en acidité. Il faut en maitriser le rendement pour lui conserver un intérêt, sur des arômes de fleurs et de cerise. Le rondinella est le moins élégant des cépages, il n’offre pas d’énormes taux de sucre, mais sèche volontiers (recioto). Les producteurs apprécient sa résistance aux maladies et ses rendements fiables. Le Molinara est léger, facile à boire et de robe terne : il n’apporte que de l’acidité. Les bons viticulteurs en utilisent de moins en moins.
Nez joli et original. Très torréfaction (café, pain grillé) Bouche légère, pas très mûr. |
Vin n°3 : Renato Ratti, Nebbiolo d’Alba, Ochetti 2008
Cépage difficile à cultiver et vinifier. Il nécessite des talents de vigneron comme le Pinot noir en France. Un Barolo ou un Barbaresco a besoin de 20 à 30 ans pour donner son potentiel. Le Nebbiolo d’Alba est vinifié pour être bu jeune. Cépage improbable, il a à la fois beaucoup de tannins, d’acidité et parmi les plus complexes et les plus exotiques imaginables dans un vin rouge (goudron, rose, cerise, cuir, herbe fraiche ou séchées, réglisse, fruits secs).
Vin n°4 : Fattoria Le Terrazze, Rosso Conero, 2007
A ne pas confondre avec le vin de sangiovese toscan : vino nobile di Montepulciano. Le montepulciano joue son plus beau rôle dans les assemblages de Rosso Conero, donnant un vin ample, rond et au goût de prune, avec des tanins soyeux et une belle acidité. A boire dans les 2 à 4 ans.
Au nez, le jus de raisin bondit (très muscat). Puis champignon. En bouche, toujours cette impression de jus de raisin dominante. Avec un peu de violette et de cerise. Un peu d’astringence en finale. |
Vin n°5 : Azienda Agricola Lucchetti, Lacrima di Morro d'Alba, Guardengo 2008
Cépage original, assez corsé, passablement fruité, marqué par les baies sauvages.
Vin n°6 : Renato Ratti, Barbera d’Alba, Torriglione 2009
Le Barbera d’Alba est l’aristocrate de la région, le plus puissant et le plus complexe, à la robe profonde. Adapté aux climats chauds (commence à se planter en Californie, Argentine et Australie), sa forte acidité est appréciable, ses tannins discrets et sa robe soutenue sont tout à fait à la mode. Les modernes le vinifie en fût.
Nez fermé, animal, musc, voire pneu. En bouche, décevant. Trop acide. A l’opposé du précédent, autant le nez pourrait donner envie de le boire, autant il n’est pas prêt à être mis en bouche. |